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Rafely
Rafely, 36 ans, est veuve depuis 4 ans et mère de cinq enfants, trois filles : Ravaka (17 ans), Tahina (15 ans), Faratiana (12 ans) et deux garçons : Mbinina (9 ans) et Mbola (7 ans). La famille habite dans une grande maison traditionnelle en brique rouge à l’entrée de la ville d’Ambositra. Le bâtiment nécessite sérieusement de travaux de réfection aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Mais Rafely manque de ressources. La maison appartient par ailleurs à sa belle-famille. Elle y est hébergée gracieusement en échange d’un service de gardiennage.
Rafely travaille comme blanchisseuse indépendante. Des particuliers font appel à son service de manière occasionnelle. De plus, un centre d’hébergement situé à deux pas de son domicile l’emploie régulièrement. Elle s’occupe de la lessive, du repassage ou aide le personnel de cuisine quand le centre accueille des stagiaires en pension complète ou demi-pension. La mère de famille reçoit par semaine 20.000 Ariary (un peu moins de 6 euros) en travaillant 6 à 7 heures par jour.
Rafely a arrêté ses études en classe de 5ème. «Le collège était loin de la maison où habitaient mes parents, explique-t-elle. J’ai donc vécu chez quelqu’un de la famille en ville qui accueillait aussi d’autres enfants. Nous étions nombreux et des mésententes nuisaient à l’ambiance. De plus, les frais d’études étaient payés tous les mois avec du retard. » Tout cela la décourageait et a eu raison de sa motivation. Aujourd’hui, la mère de famille regrette de ne pas pouvoir venir en aide à ses filles aînées qui éprouvent des difficultés majeures dans les matières scientifiques. D’autant plus qu’elle ne dispose pas de moyens pour leur payer des cours de soutien.
La journée de Rafely commence à 5h du matin. Comme la plupart des femmes malgaches, elle prépare le petit-déjeuner et range la maison avant de se rendre au centre. Vers midi ou 13h, elle retrouve ses enfants pour un déjeuner commun. Puis tout le monde repart un peu avant 14 heures. Certains après-midi chômés, elle s’occupe de sa propre lessive, lit des journaux empruntés à des amis ou papote avec les voisins en attendant l’heure de rentrer les poules dans le poulailler et préparer le dîner. La famille mange généralement du riz accompagné de brèdes (feuilles comestibles) aussi bien le matin, le midi que le soir. "C’est moins cher que la viande, les poissons ou les œufs", nous confie Rafely. Le soir, avant de se coucher, Rafely écoute la radio à défaut de regarder le petit écran.
Le week-end, la mère de famille s’occupe du ménage, de ses propres lessive et repassage, et fait prendre le bain à ses enfants. La famille aime également se rendre à la campagne, à environ 1 kilomètre d’Ambositra où elle possède un lopin de terre, afin d’entretenir leur potager. Elle y cultive des brèdes, des patates douces, du manioc et du riz.
Le dimanche matin, Rafely et sa famille participent régulièrement au culte protestant. L’église est située au bout de la rue. L’après-midi, elle se repose, assiste à des matches de foot en compagnie de son grand frère ou se consacre au tressage des cheveux.
Lydie
Lydie, mariée depuis 20 ans et mère de 2 garçons (Koloina 18 ans et Tiavina .. ans) est Ingénieure d’Élevage. Elle a suivi …. années d’études à l’École Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA) de l’Université d’Antananarivo pour obtenir son diplôme. Elle travaille au ministère de l’agriculture et de l’élevage. Auparavant Directeur régional, elle occupe aujourd’hui le poste de Chef de Service de l’Élevage de la Région. « Une rétrogradation due au changement de gouvernement », explique Lydie. Les nominations à ces postes sont en effet tributaires de la mouvance présidentielle. L’ingénieure dirige 22 personnes sous son autorité dont 10 hommes et 12 femmes. « Je m’entends bien avec mes subordonnés masculins, nous confie-t-elle, par contre, la relation entre les femmes est marquée par des jalousies, cela peut concerner le niveau de diplômes, le salaire ou même le style vestimentaire. » Le travail de Lydie consiste à concrétiser la politique ministérielle dans le domaine de l’Élevage en coordonnant le travail des ONGs (Organisations Non Gouvernementales) et associations divers. Elle représente également le Ministère lors des réunions et ateliers. Sa rémunération : un peu plus de 550.000 Ariary.
Lydie se lève à 5 heures et commence toujours sa journée par une prière. Après, elle réveille les garçons et les assiste un peu dans leurs devoirs s’ils les font le matin. Si elle a du linge sale délicat, elle choisit aussi ce moment-là pour le laver. Par ailleurs, elle prend du temps pour s’occuper de son corps : appliquer des produits naturels de soins sur le visage (miel, aloès ou bois de santal malgache) et exécuter quelques mouvements gymniques ou suivre une séance de zumba à la télé ; ensuite, elle inspecte les tâches de l’aide ménagère dans la cuisine. Elle aime bien aussi sortir dans le jardin le matin pour admirer ses fleurs. Ceci fait, elle prend sa douche, son petit-déjeuner, donne les dernières instructions à la bonne-à-tout-faire et part travailler à 8h30. Si besoin, Lydie trouve même le temps d’aller faire quelques courses au marché. La famille habite dans un pavillon de plain-pied, blanc avec des volets peints en bleu pas très loin du marché d’Alakamisy, le deuxième grand marché de la ville. C’est une maison de fonction. Son bureau se trouve juste en face de la pièce qui sert de salon. Ainsi, l’ingénieure n’a que quelques pas à faire, après le travail, pour retrouver sa cuisine à midi moins quart, afin d’achever la préparation du repas. Comme nombreuses familles malgaches, toute la famille se retrouve vers midi et demi pour le déjeuner. En attendant la reprise de deux heures trente, Lydie s’offre une petite sieste ou regarde la télé. Le soir, elle regagne son domicile à 17 heures ou 17 heures 30, quelques fois 18 heures selon le volume du travail et se voue encore à quelques tâches ménagères : repasser le linge délicat, ranger le linge propre, vérifier les tâches effectuées par la domestique à savoir le repas, le ménage et le rangement. Lydie regarde la télé avant et après le dîner, prévu habituellement vers 19 heures 30 puis se couche vers 22 heures après un moment de prière en famille.
La mère de famille rémunère son aide ménagère 35 000 ariary le mois et fait appel deux fois par semaine à une blanchisseuse dont le salaire mensuel est de 20 000 ariary.
La matin, la famille mange du riz mouillé (du riz dans son jus, dès fois mélangé avec des brèdes) accompagné des restes de la veille ou de viande fumée, d’omelette, de petites crevettes ou encore de purée d’arachides. A midi, l’aide-ménagère cuisine des légumineuses, de la viande de bœuf, de porc, des saucisses, des tripes, des poissons mélangées avec des brèdes ou des légumes de saison, en daube, en sauce, en soupe ou frits. Les plats sont systématiquement accompagnés de riz et de crudité : achards de carottes, de concombres, de choux, salades vertes, salades de cresson, du rougail (dés de tomates et d’ oignons mélangés, éventuellement assaisonnés de ciboulette). En dessert, fruits de saison et le dimanche, un plat inhabituel.
La ville d’Ambositra manque considérablement d’infrastructure pour les loisirs. Lydie passe son temps libre à soigner ses plantes en pots (désherber, arroser, …) et aller à la piscine privée d’un hôtel situé à la sortie de la ville, en saison chaude. Lydie est aussi animatrice du scoutisme catholique. Elle emmène souvent les jeunes filles en sortie le weekend. Enfin, cette année, la famille court tous les samedis matins, afin d’entraîner les garçons, tous deux en classe d’examen, aux épreuves d’EPS.
Lydie rêve d’achever les travaux de la maison que la famille est en train de construire à Andrainarivo, une commune rurale à … km d’Ambositra. Son époux est originaire de ce village et était déjà propriétaire d’une parcelle de terrain. La maison comporte 3 chambres à l’étage. On y trouve également une terrasse et un petit balcon . Au rez-de-chaussée sont installés le salon, la salle à manger, la cuisine et les sanitaires. Jusqu’à présent, la famille a dépensé 34.000.000 d’ariary. « Les travaux ne sont pas encore achevés, difficile d’évaluer le budget total », conclut Lydie.
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Fidy est venue vivre à Antananarivo, la capitale de Madagascar après un divorce. Elle travaille dans un gargote et vit loin de ses enfants. La jeune grand-mère accepte de nous confier ses conditions de vie et son rêve.
Fidy gagne environ 1 euro par jour
Nous rencontrons Fidy sur son lieu de travail. Elle gagne sa vie en travaillant dans une des gargotes implantées dans les pavillons du marché couvert de Mahamasina. Mahamasina, quartier non loin du centre-ville est réputé pour son marché qui se tient tous les jeudis. D’abord, il y a le marché couvert, officiel, situé à l’est du stade. On y trouve des étals de fruits et légumes, des pavillons de boucheries, d’épiceries et de gargotes. Ensuite, il y a le grand marché à ciel ouvert qui s’installe officieusement autour du stade. Vendeurs de vêtements, de chaussures, de jouets, marchands de fruits et légumes, de friandises et gargotiers ambulants s’approprient de la rue et des trottoirs, provoquant un désordre total de la circulation, une fois par semaine. Employée par sa sœur aînée, Fidy décrit son métier : « Je sers les clients, je m’occupe de la vaisselle, je fais les courses et dès fois, je prépare les achards de légumes. » Sa sœur la rémunère 4.000 Ariary par jour (un peu plus d’un euro) et l’aide à payer le loyer.
Pas d’électricité ni eau courante
Fidy habite à Anosizato, un quartier populaire et difficile, à environ une heure à pied de Mahamasina. Elle loue un modeste deux-pièces dans une maison en brique couverte d’un toit en tôle. La chambre et la cuisine constituent son intérieur, meublé d’un lit, d’une table et de six chaises. La salle de douche et les toilettes se trouvent dans des cabines extérieures, une situation fréquente dans les foyers modestes. Fidy ne bénéficie pas d’électricité et dispose d’eau courante grâce à un robinet extérieur. Son loyer mensuel s’élève à 20.000 Ariary (environ six euros). A 47 ans, Fidy vit seule. Elle a débarqué dans la capitale en 2006, après son divorce. « Je voulais prendre un nouveau départ », nous explique-t-elle. Fidy vient, en effet, d’une petite ville provinciale des hautes terres, Fandriana, située à environ cinquante kilomètres d’Ambositra. Elle est mère de trois enfants. Les deux aînés, une fille de 28 ans et un fils de 23 ans, ont fondé leurs propres familles et ont respectivement un enfant. Le plus jeune, Tolotra, 16 ans, est resté avec son père à Fandriana. Fidy nous confie avec amertume: « mon ex-mari s’est opposé à ce que mon fils vienne vivre avec moi dans la capitale ». Toutefois, notre ouvrière doit envoyer régulièrement une partie de son salaire pour payer les frais scolaires de son enfant. En contre-partie, elle profite de sa présence à chaque période de vacances. Le jeune homme passe ses journées de repos à aider sa mère et sa tante à la gargote.
Pas de radio ni de télé
La vie de Fidy est réglée comme un papier à musique. La semaine, elle se réveille à quatre heures. Après un brin de ménage et un petit-déjeuner rapide composé de café et de pain, Fidy commence son service par un passage obligé au marché de Nosibe. Ensuite, elle se rend à la gargote et enfile son tablier d’aide-cuisinière, serveuse et plongeuse. Fidy, ainsi que ses collègues, déjeunent après le rush du midi-quatorze heure. La journée se termine quand la vaisselle est lavée, rangée, les tables nettoyées et la salle prête à accueillir les clients du jour suivant. Fidy ramène souvent les restes à la maison en guise de dîner. Elle rentre vers dix-sept heures trente. Le temps de se doucher, de réchauffer les plats invendus ou de cuire une bouillie de riz et elle se met au lit. En général, elle se couche vers dix-neuf heures trente, ne disposant ni de radio ni de télé pour se divertir. Le samedi, Fidy s’occupe de la lessive. Le dimanche, elle se rend à l’église le matin et se repose l’après-midi. Fidy rêve d’améliorer ses conditions de vie afin de pouvoir continuer à soutenir financièrement son fils dans ses études. « Je voudrais qu’il aille le plus loin possible et qu’il réussisse dans sa vie professionnelle », conclut celle qui a quitté l'école à l'âge de 13 ans.
Faratiana a choisi son métier d’avocate par vocation. Elle a aujourd’hui 20 ans de barreau à son actif. Également mère de famille dévouée et chrétienne, elle nous raconte son parcours et son quotidien avec passion.
«Vocation : avocate ! »
Faratiana, 42 ans, est mariée à son amour de jeunesse, Rija, depuis 20 ans. Ils sont parents de deux enfants : une fille de 18 ans, Liantsoa et un garçon de 15 ans, Yoël. Faratiana fête également ses 20 ans de carrière. Avocate au Barreau de Madagascar, elle a prêté serment devant la cour le 21 septembre 1997 à l’issue de quatre années d’études à la Faculté de Droits d’Antananarivo. « Poursuivre mes études au pays est un choix, nous explique Faratiana. Le droit malgache m’a particulièrement intéressé car il est resté soit au stade archaïque de la colonisation, soit calqué sur le droit civil français de 1960. Par ailleurs, les législateurs ont intégré, notamment en droit civil, des notions et des termes issus des us et coutumes du pays. » Faratiana se souvient des efforts fournis tout au long de ses études universitaires. « Souvent, les cours commençaient à six heures et finissaient vers dix-huit heures, raconte l’avocate. Parallèlement, il fallait trouver du temps libre pour entreprendre les travaux de recherche. Mais la vocation que j’avais en moi m’a grandement facilité la tâche. J’ai obtenu ma maîtrise en droit privé avec mention assez bien. » Fière de son parcours, la mère de famille ne tarit pas de souvenirs : « Le lendemain des résultats, j'ai cherché dans tout Tanà un avocat qui voudrait m'enseigner le métier. C'était un parcours du combattant étant donné que je ne connaissais personne. Au bout d’un mois, une avocate de grande notoriété a bien voulu m'accueillir. J’ai effectué un an de pré-stage chez elle. J’y ai appris le métier : secrétariat, course de greffe, rédaction, traitement de dossier, tenue des audiences, réception des clients. J’ai continué mon stage d’avocat obligatoire dans cette étude pendant trois ans. »Sans l’accord du Bâtonnier, Faratiana n’est pas en mesure de nous communiquer des détails concernant son métier, notamment ses revenus salariaux. Dans la pratique, les tarifications sont libres. Elles dépendent de la nature de l'affaire et de la complexité du dossier. D’après notre enquête, les honoraires des avocats avoisinent, en moyenne et hors taxe, 1.000.000 d’ariary (285 euros) pour les procédures de divorce, 2.000.000 d’ariary (271 euros) en cas de litige foncier et 3.000.000 d’ariary (857 euros) s’il s’agit d’une affaire commerciale. « Nous percevons également des consultations juridiques, précise l’avocate, lesquelles sont calculées en fonction du temps de travail et de la difficulté de la question. »
Disponible pour les enfants
Faratiana a choisi de pratiquer une profession libérale pour pouvoir s'occuper de sa famille. « Je voudrais me rendre disponible pour mes enfants, explique-t-elle. C’est important pour moi ». Comme beaucoup de femmes malgaches, la mère de famille se lève tôt, à 05h30 au plus tard, surtout en semaine. Avec son mari, elle dépose les enfants à l’école en voiture et les récupère en fin d’après-midi. « C’est Rija qui conduit. Je n’ai pas le permis, ajoute-t-elle. Nous profitons des trajets pour discuter. » Ensuite, elle se rend à l’Étude. L’avocate travaille de 07h 30 à 16h 30. Son mari, propriétaire et gérant d’une société spécialisée en publicité numérique et consultant en expertise maritime, possède aussi des horaires souples. Le mercredi après-midi, Faratiana reste avec les enfants à la maison. Après une petite sieste, elle assiste son fils et sa fille dans leurs devoirs et recherches. Si le temps le permet, la famille termine la journée devant les dessins animés Disney : « Nous sommes fans », explique la femme de loi. Le soir, la famille se retrouve à table pour le dîner et se couche au plus tard vers 20h 30. Leur weekend s’avère tout aussi chargé. Le Samedi matin est consacré aux courses et autres devoirs familiaux. L’après-midi, Faratiana et ses enfants se rendent à l’école de l’Église Baptiste. En tant que monitrices, mère et fille apprennent aux enfants de 3 à 6 ans la bible à travers des activités manuelles et culturelles. Son fils, lui, intègre le groupe des adolescents. « En ce moment, nous préparons le spectacle de Noël », nous confie l’avocate. Le Dimanche, toute la famille retourne à l’Église dès 08h00 du matin afin d’assister au culte. Le midi, ils déjeunent alternativement chez ses parents et ses beaux parents. L’après-midi, ils participent aux enseignements bibliques de l’Église. Dès fois, ils rentrent à la maison.
Un projet de plus de 80 millions d’ariary
Auparavant, la famille louait une maison à Nanisana, banlieue proche de Tana. Mais depuis trois mois, ils vivent chez les parents de Faratiana en attendant de déménager dans leur propre maison à Antanetibe Ilafy, une banlieue située au nord-est de Tanà. La maison, en construction, compte 192 m² de surface habitable partagée sur deux niveaux. Elle comporte 1 grand living, 3 chambres, 2 toilettes et 2 salles de bains. Les travaux ont été confiés à des ouvriers. Le père de Faratiana surveille le chantier. Le projet leur a déjà coûté 80.000.000 ariary, hormis le prix du terrain et le coût des travaux de finition. Faratiana, remercie Dieu d'avoir placé un rêve dans son cœur et de l'avoir réalisé ; celui de devenir avocate et de protéger les faibles. « La vie m'a appris que finalement nul ne peut changer le monde, nous confie-t-elle, mais que je peux apporter de l'aide, un sourire, des paroles d'encouragement tout en étant bien payée. De plus, j'en profite, dans la mesure du possible, pour servir le Seigneur en aidant la famille en Christ. Pour les Baptistes, mes prestations sont gratuites. Je suis heureuse parce que j'ai Jésus dans mon cœur, je crois qu'il m'a sauvé pour l’Éternité mais également pour la vie présente. Ma famille me comble de bonheur. Je suis très casanière et déteste les sorties et mondanités. »
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Vanessa
Vanessa, 27 ans, habite dans un quartier excentré. Elle nous reçoit en compagnie de son mari, Fidèle, et ses deux garçons : Andriana 6 ans et Nolan 4 ans. La famille parle français à la maison. De construction récente, le logement comporte un étage. Une cour la sépare de la villa basse des beaux-parents. Un mur d'enceinte en dur protège l'ensemble de la propriété. « Le terrain appartient à mes beaux-parents, déclare Vanessa. Ils nous en ont donné une partie pour qu'on puisse construire. Les travaux ont duré deux ans et coûté 20.000.000 d'Ariary. Un quart du budget est financé par un crédit immobilier que nous avons fini de payer. Le reste est assuré par nos propres économies. »
Vanessa et son mari travaillent ensemble à l'Université de Mahajanga. Elle est secrétaire du Service médical. Il cumule trois fonctions : Chef du Service Contrôleur de gestion, Professeur et membre du Comité d'Administration. La jeune femme est rémunérée 410.000 Ariary par mois (environ 117 euros). Le salaire du mari s'avère plus élevé, étant donné sa situation professionnelle. Par ailleurs, il bénéficie de divers avantages, notamment le remboursement des frais de carburant, d'électricité et le paiement d'indemnités de déplacement.
Vanessa a arrêté ses études, il y a sept ans, quand elle est tombée enceinte. Elle était en deuxième année à la Faculté de Droit de Mahajanga. Aujourd'hui, elle a repris le chemin de l'école en optant cette fois le Commerce International. Les cours sont sporadiques en troisième année. Elle bénéficie d'un emploi du temps aménagé pendant cette période.
« Le quotidien est difficile et fatiguant », nous confie Vanessa. Elle doit se lever tôt le matin (vers 4h – 4h30) afin de préparer à l'avance le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner. Le riz est déjà cuit la veille. Ensuite, elle prépare les enfants et part au travail. Tandis que son mari se charge d'emmener les enfants à l'école le matin et l'après-midi, Vanessa a la tâche de les récupérer à 11h30 et le soir. Toute la famille se retrouve à la maison pendant la pause méridienne mais ce temps ne dure qu'une demi-heure à cause des embouteillages. La famille se déplace en voiture, en bus ou en scooter. Le soir, Vanessa aide son fils aîné à faire les devoirs avant de servir le dîner vers 19h. Elle s'accorde un moment de repos devant la télé puis couche les enfants vers 20h30. Le couple finit la soirée, plongé dans les révisions.
Le weekend, Vanessa et son mari accordent du temps pour leurs fils. Le samedi, outre le grand ménage, ils organisent des sorties à la plage, aux parcs ou aux restaurants ; ils regardent un film avec les enfants ou partagent des jeux vidéo. Le dimanche matin, la famille se rend au temple et l'après-midi, Vanessa commence à préparer la nouvelle semaine. « Le weekend est trop court pour tout faire ! », constate la jeune maman.
Vanessa est déterminée à réussir ses études. En tant que fonctionnaire, son salaire dépend du niveau de son diplôme. Elle est donc prête à toutes les sacrifices pour aller toujours plus loin. En outre, issue d'une famille d'entrepreneurs, Vanessa rêve de monter sa propre affaire. « Nous avons déjà ouvert un petit magasin qui vendait des glaces et des boissons fraîches, confie Vanessa, mais faute de temps pour contrôler la comptabilité, l'affaire a périclité. » Avec Fidèle, ils pensent investir dans les taxi-brousses ou les bus. C'est une affaire que le couple juge facile à gérer. Ils se lanceront dès le fonds de démarrage réuni.
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Plage de sable fin, eau translucide, le tout avec un banc de sable blanc submergé en marée haute, le cadre sort tout droit d’une carte postale ! Sur cette île paradisiaque vit Suzy, la trentaine, mariée et mère de trois enfants dont le quotidien, malheureusement, semble moins idyllique que ne paraît le paysage.
Nous rencontrons Suzy assise devant sa case en bois, en compagnie de quelques voisins. Les discussions vont bon train pendant que la jeune femme allaite son dernier fils de huit mois. Des jeunes filles se sont lancées dans le tressage des cheveux. D'autres vident des poissons et trient le riz pour le déjeuner. Sur Nosy Iranja, les journées s’égrènent et se ressemblent toutes. "Il n’y a pas de semaine ni de week-end sur notre île, nous confie Suzy. Tous les jours, je m'assois à cet endroit et je m'occupe comme je peux." Le matin, la jeune femme passe le plus clair de son temps à préparer les repas, coiffer les voisines ou se faire coiffer, regarder les touristes passer. "Pour se divertir, les gens écoutent la radio, déclare Suzy, car personne ne possède de poste téléviseur à Nosy Iranja. »
La jeune femme se trouve actuellement au chômage technique. L’hôtel, où elle travaillait en tant que femme de chambre, a cessé ses activités. Temporairement, a-t-on dit, mais le temporaire devient longuet. L’établissement lui doit onze mois de salaire. Rémunérée 150.000 Ariary le mois, le dû constitue désormais un bon pactole. Le propriétaire, d’origine étrangère, annonce une reprise imminente des activités. Toutefois, les infrastructures semblent loin d’être fonctionnelles.
Suzy regrette sa vie active. A l'époque, ses journées étaient au moins remplies. La jeune femme se réveillait vers 6 heures. Elle n’avait pas d’horaires fixes. Les allées et venues dépendaient de la marée. Les deux morceaux de l’île sont entièrement isolés par la mer en marée haute. Le matin, il fallait donc traverser les 2 kilomètres de bande de sable blanc quand elle était à sec. Et de même, il fallait finir toutes les tâches et rentrer avant que l’eau ne monte.
Suzy vient de Mandritsara, une commune de la région de Sofia, dans le Nord-Est de Madagascar. Nombreux habitants de Nosy Iranja sont d’ailleurs des continentaux à la recherche de travail dans le tourisme. Ils viennent généralement de petits bourgs de la province de Mahajanga telles que Mandritsara et Befandriana Nord.
Suzy a commencé à construire une maison dans sa ville natale. Le chantier reste en suspens actuellement à cause des problèmes financiers. Elle a hâte de toucher ses arriérés de salaire pour reprendre les travaux. Son rêve est de terminer la maison.
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Marie
A 45 ans, Marie est divorcée, mère de deux filles âgées de 30 et 26 ans, et grand-mère de quatre petits enfants dont elle a oublié les âges.
Marie vit à Ambatoloaka, une des stations balnéaires les plus attractives de Nosy-Be mais aussi celle qui est réputée pour le tourisme sexuel. Elle vit dans une maison en dur avec une toiture en tôle et partagée en deux petits appartements. Marie y loue deux pièces : une chambre et un salon- salle à manger. La cuisine, rudimentaire, se trouve dans un coin de la pièce comme chez beaucoup de familles pauvres. La douche et les toilettes sont communes aux colocataires et aménagés dans des cabanons à l’extérieur. Le loyer mensuel de 100.000 Ariary est assuré par ses enfants.
« Mon salaire sert uniquement à acheter la nourriture, déclare Marie. La vie est très cher à Nosy Be. Les légumes et la viande sont hors de prix. Une tomate coûte 200 Ariary, un kilo de carottes revient à 5000 Ariary et un kilo de filet de bœuf vaut 18.000 Ariary. » Marie est femme de chambre dans un hôtel situé à quelques mètres de son domicile. Elle assure le ménage des dix chambres de l’établissement ainsi que la grande terrasse qui fait office de restaurant. La jeune grand-mère travaille 7 heures par jour, de 7h à midi et de 16 heures à 18 heures. A sa rémunération mensuelle de 150.000 Ariary s’ajoutent les pourboires des clients. Une vraie aubaine pour arrondir les fins de mois !
Marie est originaire de Fandriana, une ville dans le sud des hautes terres, à une cinquantaine de kilomètres d’Ambositra. Elle a arrêté ses études après la sixième et a débarqué à Nosy Be, il y a 28 ans, en suivant son ex-mari en quête de travail. Aujourd’hui séparée de ce dernier, Marie se réjouit de sa ville adoptive. « Nous sommes au calme et en sécurité à Ambatoloaka, clame-t-elle. Je peux laisser ma maison grande ouverte toute la journée sans constater de vol. Le seul problème reste la dureté de la vie. Nous ne vivons que par le tourisme. Toutes les industries, comme l’exploitation crevettière et la sucrerie, ont cessé leurs activités. »
Marie, femme pieuse, organise sa journée au rythme de ses convictions religieuses. Le réveil à 5 heures commence par la prière et la lecture de la Bible. Ensuite, elle range la maison, se prépare et se rend au travail. La jeune grand-mère rentre chez elle pour le déjeuner. Elle cuisine de la viande, des crabes, ou des poissons, accompagnés de riz. Comme elle dispose d’une longue pause méridienne, elle s’offre une sieste ou se repose devant la télé, n’oubliant pas de faire la vaisselle avant de reprendre le travail. Le soir, elle se contente de réchauffer les restes du midi et finit sa journée par la prière et la lecture de la Bible. Marie, diagnostiquée hypertendue, se couche régulièrement tôt afin de garder la forme.
Marie passe tous ses samedis au temple adventiste situé non loin de sa maison. L’office débute à 8h du matin, s’interrompt entre midi et 13h30, puis se termine en même temps que le coucher de soleil. Elle y prie, chante et étudie les leçons de sabbat.
Marie s’interdit de rêver. En tant qu’adventiste, elle n’a pas le droit de faire des projets. «On ne sait pas ce qui va arriver demain, explique-t-elle. A chaque jour suffit sa peine. »
Gladys
Gladys, 30 ans, originaire d’Ambanja, est venue travailler sur l’île à l’âge de 24 ans. Après un début à Hell-ville, chef-lieu de Nosy-be, elle a atterri, un an plus tard, à Ambatolaoka où le tourisme s’avérait plus prospère. Depuis deux ans, la jeune femme s’occupe du ménage, de la lessive (à la machine) et du repassage d’une chambre d’hôtes. L’établissement, situé en bord de mer comme la majorité des hôtels, est géré par un Français. Pour 4 heures et demi de travail journalier (de 10h à 12h et de 14h30 à 17h), Gladys touche 200.000 Ariary par mois.
La jeune femme a arrêté sa scolarité en quatrième. C’était en 2004, Gafilo, cyclone le plus intense jamais observé dans le bassin sud-ouest de l'océan Indien, a tout dévasté sur son passage. Gladys a perdu toutes ses affaires, la maison familiale ayant été détruite. Démoralisé, la jeune fille n’avait pas le courage de recopier toutes les leçons et a préféré quitter les bancs du collège.
Gladys vit aujourd’hui en concubinage dans une maison, moitié en dur, moitié en bois, surmontée d’une toiture en tôle, à quelques mètres de son lieu de travail. Le couple habite chez la belle-mère. Son compagnon travaille d’ailleurs avec cette dernière. Ils gèrent ensemble une épicerie dans le quartier.
Gladys, très discrète, raconte avec parcimonie son quotidien. Elle commence sa journée à 7 heures du matin. La jeune femme s’occupe de la maison avant de partir au travail. A midi, suivant les circonstances, elle reste déjeuner sur place avec les collègues ou rentre chez elle. Son concubin restant à la boutique toute la journée, Gladys mange seule et se repose avant de reprendre son poste à 14h30. Le soir, elle cuisine, regarde la télé et se couche vers 22 heures.
Gladys ne travaille pas le week-end. Souvent, elle visite sa sœur à Madirokely, à quelques kilomètres à pied, au nord d’Ambatoloaka. Dès fois, elle reste se reposer à la maison ou s’occupe de son propre ménage.
Gladys rêve de créer sa propre boutique, une épicerie ou un magasin de souvenirs.
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