Plage de sable fin, eau translucide, le tout avec un banc de sable blanc submergé en marée haute, le cadre sort tout droit d’une carte postale ! Sur cette île paradisiaque vit Suzy, la trentaine, mariée et mère de trois enfants dont le quotidien, malheureusement, semble moins idyllique que ne paraît le paysage.

 

Nous rencontrons Suzy assise devant sa case en bois, en compagnie de quelques voisins. Les discussions vont bon train pendant que la jeune femme allaite son dernier fils de huit mois. Des jeunes filles se sont lancées dans le tressage des cheveux. D'autres vident des poissons et trient le riz pour le déjeuner. Sur Nosy Iranja, les journées s’égrènent et se ressemblent toutes. "Il n’y a pas de semaine ni de week-end sur notre île, nous confie Suzy. Tous les jours, je m'assois à cet endroit et je m'occupe comme je peux." Le matin, la jeune femme passe le plus clair de son temps à préparer les repas, coiffer les voisines ou se faire coiffer, regarder les touristes passer. "Pour se divertir, les gens écoutent la radio, déclare Suzy, car personne ne possède de poste téléviseur à Nosy Iranja. »

La jeune femme se trouve actuellement au chômage technique. L’hôtel, où elle travaillait en tant que femme de chambre, a cessé ses activités. Temporairement, a-t-on dit, mais le temporaire devient longuet. L’établissement lui doit onze mois de salaire. Rémunérée 150.000 Ariary le mois, le dû constitue désormais un bon pactole. Le propriétaire, d’origine étrangère, annonce une reprise imminente des activités. Toutefois, les infrastructures semblent loin d’être fonctionnelles.

Suzy regrette sa vie active. A l'époque, ses journées étaient au moins remplies. La jeune femme se réveillait vers 6 heures. Elle n’avait pas d’horaires fixes. Les allées et venues dépendaient de la marée. Les deux morceaux de l’île sont entièrement isolés par la mer en marée haute. Le matin, il fallait donc traverser les 2 kilomètres de bande de sable blanc quand elle était à sec. Et de même, il fallait finir toutes les tâches et rentrer avant que l’eau ne monte. 

Suzy vient de Mandritsara, une commune de la région de Sofia, dans le Nord-Est de Madagascar. Nombreux habitants de Nosy Iranja sont d’ailleurs des continentaux à la recherche de travail dans le tourisme. Ils viennent généralement de petits bourgs de la province de Mahajanga telles que Mandritsara et Befandriana Nord.

Suzy a commencé à construire une maison dans sa ville natale. Le chantier reste en suspens actuellement à cause des problèmes financiers. Elle a hâte de toucher ses arriérés de salaire pour reprendre les travaux. Son rêve est de terminer la maison.