Vanessa

Vanessa, 27 ans, habite dans un quartier excentré. Elle nous reçoit en compagnie de son mari, Fidèle, et ses deux garçons : Andriana 6 ans et Nolan 4 ans. La famille parle français à la maison. De construction récente, le logement comporte un étage. Une cour la sépare de la villa basse des beaux-parents. Un mur d'enceinte en dur protège l'ensemble de la propriété. « Le terrain appartient à mes beaux-parents, déclare Vanessa. Ils nous en ont donné une partie pour qu'on puisse construire. Les travaux ont duré deux ans et coûté 20.000.000 d'Ariary. Un quart du budget est financé par un crédit immobilier que nous avons fini de payer. Le reste est assuré par nos propres économies. »

Vanessa et son mari travaillent ensemble à l'Université de Mahajanga. Elle est secrétaire du Service médical. Il cumule trois fonctions : Chef du Service Contrôleur de gestion, Professeur et membre du Comité d'Administration. La jeune femme est rémunérée 410.000 Ariary par mois (environ 117 euros). Le salaire du mari s'avère plus élevé, étant donné sa situation professionnelle. Par ailleurs, il bénéficie de divers avantages, notamment le remboursement des frais de carburant, d'électricité et le paiement d'indemnités de déplacement.

Vanessa a arrêté ses études, il y a sept ans, quand elle est tombée enceinte. Elle était en deuxième année à la Faculté de Droit de Mahajanga. Aujourd'hui, elle a repris le chemin de l'école en optant cette fois le Commerce International. Les cours sont sporadiques en troisième année. Elle bénéficie d'un emploi du temps aménagé pendant cette période.

« Le quotidien est difficile et fatiguant », nous confie Vanessa. Elle doit se lever tôt le matin (vers 4h – 4h30) afin de préparer à l'avance le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner. Le riz est déjà cuit la veille. Ensuite, elle prépare les enfants et part au travail. Tandis que son mari se charge d'emmener les enfants à l'école le matin et l'après-midi, Vanessa a la tâche de les récupérer à 11h30 et le soir. Toute la famille se retrouve à la maison pendant la pause méridienne mais ce temps ne dure qu'une demi-heure à cause des embouteillages. La famille se déplace en voiture, en bus ou en scooter. Le soir, Vanessa aide son fils aîné à faire les devoirs avant de servir le dîner vers 19h. Elle s'accorde un moment de repos devant la télé puis couche les enfants vers 20h30. Le couple finit la soirée, plongé dans les révisions.

Le weekend, Vanessa et son mari accordent du temps pour leurs fils. Le samedi, outre le grand ménage, ils organisent des sorties à la plage, aux parcs ou aux restaurants ; ils regardent un film avec les enfants ou partagent des jeux vidéo. Le dimanche matin, la famille se rend au temple et l'après-midi, Vanessa commence à préparer la nouvelle semaine. « Le weekend est trop court pour tout faire ! », constate la jeune maman.

Vanessa est déterminée à réussir ses études. En tant que fonctionnaire, son salaire dépend du niveau de son diplôme. Elle est donc prête à toutes les sacrifices pour aller toujours plus loin. En outre, issue d'une famille d'entrepreneurs, Vanessa rêve de monter sa propre affaire. « Nous avons déjà ouvert un petit magasin qui vendait des glaces et des boissons fraîches, confie Vanessa, mais faute de temps pour contrôler la comptabilité, l'affaire a périclité. » Avec Fidèle, ils pensent investir dans les taxi-brousses ou les bus. C'est une affaire que le couple juge facile à gérer. Ils se lanceront dès le fonds de démarrage réuni.

Antonia,

Antonia, 23 ans, est mariée et mère d'un garçon de 3 ans, Arcthiraud. La petite famille loue une maison en tôle ondulée pourvue d'un toit en feuilles de palmiers, proche de l'aéroport d'Amborovy. L'unique pièce qui constitue leur modeste demeure sert à la fois de chambre à coucher et de pièce à vivre. La cuisine, la salle de bains et les toilettes se trouvent respectivement dans des cabanons à l'extérieur. Le mari d'Antonia élève quelques poules et coqs dans la cour. Loyer mensuel : 40.000 Ariary (environ 11 euros).

Antonia travaille sur la plage du Grand Pavois. Elle arpente le bord de mer toute la journée, accostant autochtones et vacanciers afin de leur proposer des services de massage, tressage et tatouage au henné. Elle a préalablement imprimé des modèles de tatoo et de coiffure sur des papiers plastifiés pour appâter les clients. Les prix varient selon la difficulté du travail. Son salaire journalier dépend aussi des saisons. En haute saison, Antonia nous affirme qu'elle peut gagner jusqu'à 30.000 Ariary (8,50 euros) par jour. Après un bref calcul, sachant qu'elle travaille 6 jours sur 7, nous estimons que son salaire, pendant les vacances, peut dépasser celui d'un fonctionnaire cadre, environ 720.000 Ariary (205 euros). Cette information reste cependant invérifiable.

La jeune maman commence sa journée vers 6 heures du matin. Elle s'habille, prépare son fils et l'emmène à l'école. Antonia n'a pas de temps pour prendre son petit-déjeuner à la maison. Elle achète un beignet et une tasse de thé sur la route en se rendant à son travail. A midi, la jeune femme se contente d'un repas acheté sur place. Beaucoup d'échoppes bordent la plage, proposant une variété de plats accompagnés de l'incontournable assiette de riz, une variété de beignets salés et sucrés, des achards de légumes, des fruits et des grillades. Son mari, chauffeur de bus scolaire, rentre déjeuner à la maison. Quant à son fils, il reste manger à la cantine. Le soir, Antonia quitte la plage vers 18 heures, laissant sa mère récupérer l’enfant à l'école. Avec son mari, ils se sont arrangés à ce que celui qui rentre le plus tôt prépare le dîner. La petite famille mange vers 20 heures. Antonia aime regarder les séries télévisées avant de se coucher.

Le dimanche matin est consacré au culte. La jeune femme profite de l'après-midi pour réaliser les tâches ménagères.

Antonia rêve d'une vie meilleure.