Rafely
Rafely, 36 ans, est veuve depuis 4 ans et mère de cinq enfants, trois filles : Ravaka (17 ans), Tahina (15 ans), Faratiana (12 ans) et deux garçons : Mbinina (9 ans) et Mbola (7 ans). La famille habite dans une grande maison traditionnelle en brique rouge à l’entrée de la ville d’Ambositra. Le bâtiment nécessite sérieusement de travaux de réfection aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Mais Rafely manque de ressources. La maison appartient par ailleurs à sa belle-famille. Elle y est hébergée gracieusement en échange d’un service de gardiennage.
Rafely travaille comme blanchisseuse indépendante. Des particuliers font appel à son service de manière occasionnelle. De plus, un centre d’hébergement situé à deux pas de son domicile l’emploie régulièrement. Elle s’occupe de la lessive, du repassage ou aide le personnel de cuisine quand le centre accueille des stagiaires en pension complète ou demi-pension. La mère de famille reçoit par semaine 20.000 Ariary (un peu moins de 6 euros) en travaillant 6 à 7 heures par jour.
Rafely a arrêté ses études en classe de 5ème. «Le collège était loin de la maison où habitaient mes parents, explique-t-elle. J’ai donc vécu chez quelqu’un de la famille en ville qui accueillait aussi d’autres enfants. Nous étions nombreux et des mésententes nuisaient à l’ambiance. De plus, les frais d’études étaient payés tous les mois avec du retard. » Tout cela la décourageait et a eu raison de sa motivation. Aujourd’hui, la mère de famille regrette de ne pas pouvoir venir en aide à ses filles aînées qui éprouvent des difficultés majeures dans les matières scientifiques. D’autant plus qu’elle ne dispose pas de moyens pour leur payer des cours de soutien.
La journée de Rafely commence à 5h du matin. Comme la plupart des femmes malgaches, elle prépare le petit-déjeuner et range la maison avant de se rendre au centre. Vers midi ou 13h, elle retrouve ses enfants pour un déjeuner commun. Puis tout le monde repart un peu avant 14 heures. Certains après-midi chômés, elle s’occupe de sa propre lessive, lit des journaux empruntés à des amis ou papote avec les voisins en attendant l’heure de rentrer les poules dans le poulailler et préparer le dîner. La famille mange généralement du riz accompagné de brèdes (feuilles comestibles) aussi bien le matin, le midi que le soir. "C’est moins cher que la viande, les poissons ou les œufs", nous confie Rafely. Le soir, avant de se coucher, Rafely écoute la radio à défaut de regarder le petit écran.
Le week-end, la mère de famille s’occupe du ménage, de ses propres lessive et repassage, et fait prendre le bain à ses enfants. La famille aime également se rendre à la campagne, à environ 1 kilomètre d’Ambositra où elle possède un lopin de terre, afin d’entretenir leur potager. Elle y cultive des brèdes, des patates douces, du manioc et du riz.
Le dimanche matin, Rafely et sa famille participent régulièrement au culte protestant. L’église est située au bout de la rue. L’après-midi, elle se repose, assiste à des matches de foot en compagnie de son grand frère ou se consacre au tressage des cheveux.
Lydie
Lydie, mariée depuis 20 ans et mère de 2 garçons (Koloina 18 ans et Tiavina .. ans) est Ingénieure d’Élevage. Elle a suivi …. années d’études à l’École Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA) de l’Université d’Antananarivo pour obtenir son diplôme. Elle travaille au ministère de l’agriculture et de l’élevage. Auparavant Directeur régional, elle occupe aujourd’hui le poste de Chef de Service de l’Élevage de la Région. « Une rétrogradation due au changement de gouvernement », explique Lydie. Les nominations à ces postes sont en effet tributaires de la mouvance présidentielle. L’ingénieure dirige 22 personnes sous son autorité dont 10 hommes et 12 femmes. « Je m’entends bien avec mes subordonnés masculins, nous confie-t-elle, par contre, la relation entre les femmes est marquée par des jalousies, cela peut concerner le niveau de diplômes, le salaire ou même le style vestimentaire. » Le travail de Lydie consiste à concrétiser la politique ministérielle dans le domaine de l’Élevage en coordonnant le travail des ONGs (Organisations Non Gouvernementales) et associations divers. Elle représente également le Ministère lors des réunions et ateliers. Sa rémunération : un peu plus de 550.000 Ariary.
Lydie se lève à 5 heures et commence toujours sa journée par une prière. Après, elle réveille les garçons et les assiste un peu dans leurs devoirs s’ils les font le matin. Si elle a du linge sale délicat, elle choisit aussi ce moment-là pour le laver. Par ailleurs, elle prend du temps pour s’occuper de son corps : appliquer des produits naturels de soins sur le visage (miel, aloès ou bois de santal malgache) et exécuter quelques mouvements gymniques ou suivre une séance de zumba à la télé ; ensuite, elle inspecte les tâches de l’aide ménagère dans la cuisine. Elle aime bien aussi sortir dans le jardin le matin pour admirer ses fleurs. Ceci fait, elle prend sa douche, son petit-déjeuner, donne les dernières instructions à la bonne-à-tout-faire et part travailler à 8h30. Si besoin, Lydie trouve même le temps d’aller faire quelques courses au marché. La famille habite dans un pavillon de plain-pied, blanc avec des volets peints en bleu pas très loin du marché d’Alakamisy, le deuxième grand marché de la ville. C’est une maison de fonction. Son bureau se trouve juste en face de la pièce qui sert de salon. Ainsi, l’ingénieure n’a que quelques pas à faire, après le travail, pour retrouver sa cuisine à midi moins quart, afin d’achever la préparation du repas. Comme nombreuses familles malgaches, toute la famille se retrouve vers midi et demi pour le déjeuner. En attendant la reprise de deux heures trente, Lydie s’offre une petite sieste ou regarde la télé. Le soir, elle regagne son domicile à 17 heures ou 17 heures 30, quelques fois 18 heures selon le volume du travail et se voue encore à quelques tâches ménagères : repasser le linge délicat, ranger le linge propre, vérifier les tâches effectuées par la domestique à savoir le repas, le ménage et le rangement. Lydie regarde la télé avant et après le dîner, prévu habituellement vers 19 heures 30 puis se couche vers 22 heures après un moment de prière en famille.
La mère de famille rémunère son aide ménagère 35 000 ariary le mois et fait appel deux fois par semaine à une blanchisseuse dont le salaire mensuel est de 20 000 ariary.
La matin, la famille mange du riz mouillé (du riz dans son jus, dès fois mélangé avec des brèdes) accompagné des restes de la veille ou de viande fumée, d’omelette, de petites crevettes ou encore de purée d’arachides. A midi, l’aide-ménagère cuisine des légumineuses, de la viande de bœuf, de porc, des saucisses, des tripes, des poissons mélangées avec des brèdes ou des légumes de saison, en daube, en sauce, en soupe ou frits. Les plats sont systématiquement accompagnés de riz et de crudité : achards de carottes, de concombres, de choux, salades vertes, salades de cresson, du rougail (dés de tomates et d’ oignons mélangés, éventuellement assaisonnés de ciboulette). En dessert, fruits de saison et le dimanche, un plat inhabituel.
La ville d’Ambositra manque considérablement d’infrastructure pour les loisirs. Lydie passe son temps libre à soigner ses plantes en pots (désherber, arroser, …) et aller à la piscine privée d’un hôtel situé à la sortie de la ville, en saison chaude. Lydie est aussi animatrice du scoutisme catholique. Elle emmène souvent les jeunes filles en sortie le weekend. Enfin, cette année, la famille court tous les samedis matins, afin d’entraîner les garçons, tous deux en classe d’examen, aux épreuves d’EPS.
Lydie rêve d’achever les travaux de la maison que la famille est en train de construire à Andrainarivo, une commune rurale à … km d’Ambositra. Son époux est originaire de ce village et était déjà propriétaire d’une parcelle de terrain. La maison comporte 3 chambres à l’étage. On y trouve également une terrasse et un petit balcon . Au rez-de-chaussée sont installés le salon, la salle à manger, la cuisine et les sanitaires. Jusqu’à présent, la famille a dépensé 34.000.000 d’ariary. « Les travaux ne sont pas encore achevés, difficile d’évaluer le budget total », conclut Lydie.